Biographie


Paul, Raymond et René Magritte
vers 1905
René Magritte naît à Lessines, dans le Hainaut, le 21 novembre 1898. Aîné de trois enfants, sa jeunesse est marquée par de multiples déménagements, l'instabilité financière due aux mauvaises affaires de son père et la mort dramatique de sa mère en 1912 qui se suicide par noyade dans la Sambre. Dès l'âge de 12 ans, Magritte suit des cours de peinture chez un maître d'école et se passionne pour les films de Fantômas tout en lisant Edgar Allan Poe et Maurice Leblanc. Avant de s'installer en 1914 à Bruxelles pour suivre les cours de l'Académie des Beaux-Arts, il rencontre déjà, à la foire de Charleroi, celle qu'il recroisera quelques années plus tard dans la capitale et qui deviendra sa muse et son épouse : Georgette Berger, devenue Georgette Magritte en 1922.

A l'Académie, le jeune peintre rencontre Victor Servranckx et Pierre-Louis Flouquet qu'il suit dans l'aventure constructiviste du groupe 7 Arts, période durant laquelle il effectue ses premiers travaux décoratifs et publicitaires. En 1922, Magritte sympathise avec le professeur de piano de son frère Paul : E.L.T. Mesens, un dandy davantage attiré par l'esthétique nihiliste du dadaïsme. En 1923, un autre ami, le poète Marcel Lecomte, lui montre une photographie du Chant d'Amour (1914) de Giorgio de Chirico. C'est le choc et le début de son oeuvre surréaliste avec, en 1926, la réalisation du Jockey perdu. Mais c'est aussi l'ébauche d'une aventure commune avec la cristallisation de diverses personnalités qui fondent, à Bruxelles, le noyau dur du groupe surréaliste : Paul Nougé, Camille Goemans, E.L.T. Mesens, Marcel Lecomte, André Souris et Louis Scutenaire. En 1928, ce groupe signe au complet la préface de Nougé pour son exposition à la galerie L'Epoque de Paul-Gustave Van Hecke, l'époux de la styliste Norine dont Magritte réalise aussi les projets publicitaires.


Le groupe surréaliste belge, 1934

Un an plus tôt, Magritte décide néanmoins de s'installer en banlieue parisienne où il fréquente André Breton, Paul Eluard et le groupe surréaliste parisien avec lequel il participe au dernier numéro de La Révolution surréaliste avec un texte majeur : Les Mots et les images. Mais sa relation avec Breton se complique et, la crise économique battant son plein, Magritte revient à Bruxelles pour y créer avec son frère Paul une agence publicitaire : Studio Dongo. Durant les années trente, Magritte produit beaucoup en vue de sa première exposition personnelle en 1936 à la Julien Levy Gallery de New York, suivie deux ans plus tard d'une autre exposition à la London Gallery, ouverte par Mesens dans la capitale anglaise. Les multiples collaborations de Magritte avec Man Ray, Yves Tanguy, André Breton et Paul Eluard confirment sa place au sein du mouvement international. La décennie est également celle de son rapprochement avec le Parti communiste de Belgique et, à la veille de la guerre, il signe une affiche Le Vrai Visage de Rex, juxtaposant Léon Degrelle et Adolphe Hitler.


René et Georgette Magritte avant
d'embarquer dans le vol pour
New York, le 8 décembre 1965
Dès l'invasion de la Belgique par l'Allemagne en 1940, Magritte préfère fuir quelques semaines dans le sud de la France. Pourtant, malgré la censure en cours, son ami Marcel Mariën signe, en 1943, la première monographie consacrée au peintre. Les années d'occupation sont aussi celles où il développe une technique impressionniste, montrée de façon discrète. Après la guerre, Breton sera très critique par rapport à cette période définie par Magritte comme étant le "surréalisme en plein soleil". Les rapports toujours difficiles de l'artiste avec Paris se feront encore ressentir lorsqu'il y expose en 1948 la "période vache", une façon de peindre "potache", avec une préface de Scutenaire au titre explicite : Les pieds dans le plat.

A cette même époque, Magritte commence à travailler avec le galeriste Alexandre Iolas qui fait découvrir son oeuvre à Jean et Dominique de Menil et, plus tard, au conseiller juridique Harry Torczyner qui deviendra un ami. Ces nouvelles rencontres l'accompagnent intellectuellement dans ses recherches sur la répétition et les grandes images magrittiennes. Grâce à ce réseau américain, d'autres moments forts de sa carrière se dérouleront aux Etats-Unis lors d'expositions à la galerie Sidney Janis, à la Bodley Gallery, à l'Arkansas Art Center à Little Rock et, finalement, au MOMA de New York en 1965.

Les années cinquante débouchent aussi sur de nouvelles amitiés avec Maurice Rapin et André Bosmans avec lequel il lancera la revue Rhétorique. En 1953, il obtient d'un autre proche, Gustave Nellens, la commande d'une décoration murale destinée à la Salle du Lustre du Casino de Knokke pour lequel il réalise Le Domaine enchanté où se retrouve tout l'univers du peintre. Cet univers, il l'exploite encore différemment à partir de 1956, lorsqu'il s'offre une caméra et réalise une série de courts métrages avec sa femme Georgette, le couple Scutenaire-Hamoir et Paul Colinet. Jusqu'à la fin de sa vie, Magritte cherchera à innover grâce à de nouvelles techniques, comme au travers de bronzes inspirés de son oeuvre qui seront coulés après sa mort, le 15 août 1967, des suites d'un cancer du pancréas.ouse léguera les oeuvres de son mari à diverses collections publiques belges.

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