Biographie

Stanley Kubrick est né le 26 juillet 1928, dans le Bronx, au sein d'une famille de la classe moyenne. Il reçoit son premier appareil photographique à l'âge de treize ans; c'était un cadeau de son père - un médecin - qui l'initia à la photographie.

Il réalise des études médiocres et à 17 ans intègre l'équipe de la revue "Look" en tant que photographe. Il y réalise un essai photographique sur le boxeur Walter Cartier. Il apprend la composition d'une image, les éclairages, l'usage des extérieurs, l'art de saisir le mouvement.

A dix-neuf ans, sa passion du cinéma devient obsession : il passe cinq soirs par semaine au Museum of Modem Art pour voir les anciens films célèbres tout en consacrant ses week-ends à voir les films nouveaux. Il voit le meilleur et le pire mais il considère que tout film vu est formateur

Les débuts

A 21 ans il réalise son premier court-métrage documentaire, "Day of the fight" (1950), sur le même boxeur Walter Cartier, puis " Flying Padre "(1951) qu'il définit lui-même comme "une chose idiote à propos d'un prêtre du Sud ouest qui, dans un petit avion, vole vers sa paroisse isolée ".

Dans ces deux films, Kubrick fit tout lui-même : il fut scénariste, réalisateur, cameraman, ingénieur du son et monteur. Avec cette initiation générale à l'art et ces deux succès mineurs ( Il réussit à vendre ces films à RKO Pathé et à rentrer dans ses frais), il démissionne de Look afin de se vouer à plein temps à la réalisation cinématographique.

Les premiers longs métrages

En 1952, il demande à un de ses amis poète, Howard Sackler, d'écrire un scénario de fiction, "Fear and Desire", centré sur la guerre, et commença à collecter des fonds. Il produit ses premiers films en empruntant de l'argent, et en hypothéquant sa maison : il réalise alors une série de films à petit budget, comme "Le Baiser du tueur" (1955), "Ultime Razzia" (1956).

A cette époque les réalisateurs indépendants étaient rares, ce qui lui vaut d'être remarqué par Kirk Douglas, qui lui propose de réaliser "Les Sentiers de la gloire "(1957). Ce film est une dénonciation très forte des excès et des injustices des militaires. Il ne passa la censure américaine que parce qu'il se situait en France pendant la première Guerre mondiale

Kirk Douglas invite Kubrick à reprendre la réalisation de "Spartacus" (confiée à l'origine à Anthony Mann). Le film, s'il n'a pu être contrôlé de bout en bout par son réalisateur, confère néanmoins à ce dernier une renommée internationale.

L'exil à Londres

En 1961 Kubrick s'exile, et quitte les États-Unis pour l'Angleterre, ce qui lui permettra de mieux contourner les foudres de la censure ou de l'autocensure telle qu'on la pratique aux États-Unis.

Il peut ainsi adapter "Lolita", le roman sulfureux de Nabokov. Il écrit le scénario de Dr Stangelove (Docteur Folamour), d'abord tragique, et qui, après quelques modifications, devient une satire très drôle sur la terreur nucléaire et sur l'attitude des deux superpuissances, protagonistes de la guerre froide.

Le film est un très grand succès mondial, et il rapporte suffisamment à Kubrick pour lui permettre de créer sa propre maison de production et pouvoir enfin contrôler le déroulement complet de la création d'un film, un luxe que très peu de réalisateurs peuvent se permettre.

Après cinq années de préparation, il se lance dans la réalisation de 2001 l'Odyssée de l'espace, adapté de la nouvelle d'Arthur C. Clarke "La Sentinelle".

Il utilise des moyens techniques qui vont révolutionner le cinéma de science-fiction. Ce film aura une influence majeure sur George Lucas (Star Wars) ou Ridley Scott (Blade Runner). Tous revendiquent désormais l'héritage de Kubrick.

La fin mystérieuse et ouverte de l'adaptation de l'histoire de Clarke a fait couler beaucoup d'encre. Le film est un énorme succès et renfloue les caisses de Kubrick.

Il entreprend alors l'adaptation du livre, fort peu conventionnel dans le domaine politique, de l'écrivain britannique Anthony Burgess "Orange Mécanique", qui aborde le délicat problème du conditionnement et du lavage de cerveau.

La réalisation de "Barry Lyndon" est un tour de force esthétique, dans lequel, notamment, Kubrick filme toutes les scènes en intérieur nuit à la seule lumière des bougies grâce à un nouveau type d'objectif, dérivé d'une optique commandée par la NASA. Le film, adapté d'un roman de William Thackeray, connaît un demi-échec.

Kubrick cesse de tourner durant cinq ans, et ne donne plus signe de vie. Il surprend en réalisant The Shining, film fantastique et effrayant.

En 1987, il adapte un texte de Gustav Hasford sur la guerre du Vietnam, Full Metal Jacket, pour lequel il reconstitue le Viêt-nam en plein coeur de Londres, dans une usine désaffectée . Le sujet du film (la déshumanisation des soldats au combat) n'est pas nouveau mais est traité avec une vigueur et une efficacité redoutable.

Il attend plus de onze ans pour réaliser son dernier film "Eyes Wide Shut", encore un film à controverse, mais dont il a à peine le temps de finir le montage.

Le 7 mars 1999, Stanley Kubrick décède chez lui à Hertfordshire dans la banlieue de Londres. Son dernier film ne sortira que six mois plus tard, et devra se passer de ses commentaires.

Le style de Kubrick

En près de cinquante ans de carrière, Stanley Kubrick n'aura réalisé que treize longs métrages. Néanmoins, tous auront marqué leur époque pour laisser aujourd'hui encore une trace profonde. Cinéaste extrèmement perfectioniste, il n'aura eut cesse de peaufiner chaque oeuvre pour nous offrir un fond et une forme en parfaite adéquation. Treize films différents mais complémentaires, énergiques et innovants.

La structure de ses films est le plus souvent linéaire, sans flash-back et découpée en parties très nettement visibles et identifiables, souvent au nombre de trois. Ainsi dans "Orange mécanique" on peut distinguer "les crimes","la punition" et "la rédemption". Dans certains cas le découpage est même intégré explicitement dans le film comme pour les trois parties de "2001 l'Odyssée de l'espace"avec les inter-titres " L’aube de l’humanité ", " Mission Jupiter – dix-huit mois plus tard ", " Jupiter et au-delà de l’infini ".

Kubrick ne souhaite pour ses films ni de début très fort, ni de fin paroxysmique. Il déclare: "J'aime un départ en lenteur, ce départ qui pénètre le spectateur dans sa chair et qui l'engage tellement qu'il peut apprécier les notations délicates et les passages empreints de retenues au lieu qu'il faille lui taper sur la tête par des paroxysmes dramatiques et un suspense raccrocheur. "

En ce qui concerne les personnages, Kubrick n'est pas intéressé par la psychanalyse freudienne et il ne croit pas à l'idée romantique du héros. Par exemple, Dans " Lolita ", il ne nous fournit jamais d'indication sur le passé du personnage Humbert Humbert. Kubrick s'explique là dessus: " J'estime que ceci est essentiel : si un homme est bon, de savoir par où il est mauvais et de le montrer ; si un homme est fort, de décider à quel moment il est faible et de le montrer. Et je crois qu'il ne faut jamais tenter d'expliquer pourquoi il en arrive là ou pourquoi il fait ce qu'il fait"

Quant à la direction des acteurs, Kubrick déclare que sa tâche consiste toujours à savoir exactement l'état émotif qu'il désire faire figurer dans sa séquence, et ensuite à user de son goût et de son jugement pour obtenir cette interprétation.

Enfin, Kubrick, en général, a monté ses films lui-même, attentif à chaque cadrage, à chaque segment de la pellicule, faisant tout, entièrement selon sa propre volonté.

Source : Biographie et Filmographie de Stanley Kubrick